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Confiner les ruines radioactives du réacteur

La déflagration puis l’incendie avaient laissé le réacteur éventré. Les éléments du combustible et les matériaux lourds étaient retombés dans l‘unité détruite de laquelle s’échappait un flux mortel de radiations. On ne pouvait laisser le réacteur ainsi, béant et à nu. Dans un premier temps, des pilotes d’hélicoptères déversèrent au péril de leur vie 5000 tonnes de sable, de plomb et du bore : le plomb car il est un absorbeur efficace des rayons, le bore pour tuer dans l’œuf d’éventuelles réactions de fission, le sable par ce qu’il est abondant..

Une fois le premier danger passé, le confinement de la radioactivité devint le principal défi à relever. Des milliers de liquidateurs furent mobilisés pour nettoyer les abords et construire une vaste structure d’acier et de béton au dessus de réacteur, le sarcophage,. Il fallait le sceller hermétiquement et le mettre à l’abri du vent et à la pluie afin de confiner la radioactivité. BBC News 1986

Il fallait construire une protection durable et solide au dessus du réacteur accidenté à même de protéger l’environnement et les populations. Si le réacteur était resté exposé au vent à la pluie, l’eau qui s’infiltre aurait gagné et contaminé les rivières. Une partie de la radioactivité restante serait passée dans l’environnement.

Cette image, de qualité médiocre mais rare, date probablement de la construction ou peu après. Elle montre un aspect de l’intérieur du sarcophage. Les gravats, les poutrelles de béton ont été entassés à la hâte. DR

Le livre de Paul Reuss et Michel Chouha « Tchernobyl 25 ans après … » décrit bien les dangers auxquels furent affrontés les liquidateurs qui érigèrent le sarcophage.: ” Six mois et six cent mille intervenants seront nécessaires pour édifier cette structure unique en son genre. Evoluant entre ferrailles calcinées et poussières radioactives, de l’écrasante chaleur de l’été aux grands froids de l’hiver ukrainien, ces bâtisseurs de l’impossible vont affronter les conditions les plus hostiles, se succédant au rythme des minuteurs, pour ériges cette forteresse d’acier et de bêton qui se dressera comme un bouclier contre les effets nocifs des cendres radioactives du réacteur accidenté.“.

Des critiques ont été formulées au cours des années pour dénoncer la mauvaise qualité de réalisation du sarcophage, des critiques qui oublient les difficultés de la tâche, l’environnement radioactif, les conditions d’intervention extraordinairement difficiles.

La solidité du sarcophage a été aussi souvent l’objet de craintes. Que se passerait-il si la structure s’effondrait ? Il faut certes prévenir un tel effondrement qui ne serait pas une bonne chose, mais il ne saurait être présenté comme un second Tchernobyl. Il n’y aurait ni explosion ni incendie pour propulser les atomes radioactifs dans un nuage. La radioactivité a beaucoup décru depuis 1986. Les radioéléments à courte durée de vie, comme l’iode-131, ont disparu. Ceux qui étaient volatils se sont dispersés. La radioactivité qui reste, enfouie sous le sable et le béton, couverte par le sarcophage, est principalement le fait d’atomes peu mobiles, voire réfractaires. L’effondrement serait insuffisant pour les emmener au loin, les débris retomberaient pratiquement sur place.

Silhouette devenue familière, le sarcophage qui recouvre les ruines du réacteur accidenté fait maintenant partie du paysage de Tchernobyl, avec au premier plan un monument.

Pour conjurer cette éventualité, la construction d’une nouvelle enceinte de confinement en forme d’arche a été entreprise. Les travaux ont été engagés fin 2010 avec une mise en service prévue en 2017 d’une grande arche qui surplombera et protégera le sarcophage. Cette structure de protection permettra d’entreprendre sur le long terme le démantèlement du réacteur endommagé.

En novembre 2016, la mise en place de la grande arche a débuté. Il est prévu qu’elle soit opérationnelle en décembre 2017.

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Voir aussi

Incendie de Tchernobyl

Paul Reuss et Michel Chouha ” Tchernobyl, 25 ans après … Fukushima. Quel avenir pour le nucléaire ? “, Editions Lavoisier, 2011