Accidents de radioactivité
De l’importance d’un suivi rigoureux des sources radioactives
Dans de nombreux pays, la possession et l’usage de sources radioactives sont soumis à des autorisations et des contrôles très rigoureux. En France, c’est l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) qui assume ce rôle. L’inventaire national des sources radioactives est maintenu par l’Unité d’Expertise des Sources de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN).
Les accidents de radioactivité occasionnés par la perte ou la dissémination de matières radioactives à usage médical, industriel ou de laboratoire sont généralement le résultat de négligences, de contrôles déficients ou encore de vols. Heureusement, les activités en jeu étant beaucoup moins importantes que dans l’industrie nucléaire, les conséquences potentielles d’un accident le sont aussi. Dans le cas d’un vol, les voleurs ignorent généralement la dangerosité de leur butin et en sont les principales victimes.
Dans les hôpitaux, la plupart des sources radioactives sont à courtes durées de vie, c’est-à-dire que leur radioactivité disparaît rapidement. Ce n’est pas toujours le cas. L’accident survenu à Goïania au Brésil en 1987 est un exemple de négligences criminelles.
Durant le mois de septembre 1987, plusieurs personnes sont hospitalisées dans l’hôpital de cette ville avec des symptômes similaires : troubles digestifs, vertiges et lésions cutanées localisées. Cette épidémie est tout d’abord attribuée à une maladie tropicale parasitaire fréquente au Brésil. En réalité, ces troubles étaient dus à l’exposition d’une source de césium-137 récupérée par des ferrailleurs dans un appareil de radiothérapie laissé à l’abandon dans une clinique désaffectée. L’activité de cette source était forte, environ 50 TBq (mais minime comparée aux 80 000 TBq de Césium-137 dispersés lors de l’accident de Tchernobyl).
Les ferrailleurs avaient séparé la source de son enveloppe de protection et montré à de nombreuses personnes cette substance insolite qui émettait une lueur bleue. Ils en revendirent ou distribuèrent des fragments. Au total, fallut examiner plus de 110 000 personnes dont 129 (comprenant 13 enfants) sérieusement exposées. Il y eut 50 hospitalisations et 4 morts dont un enfant, 21 personnes recevant des doses supérieures à 1 sievert.
Les victimes de ces accidents sont généralement des populations ignorantes des risques dans des pays en voie de développement. En 1984 à Mohammedia au Maroc, une source d’iridium-192 utilisée par la radiographie de soudures fut ramassée par un ouvrier et causa 8 décès (une famille entière). En 1992, à Xinshou en Chine, un ouvrier emporta chez lui des sources de cobalt-60 à usage industriel laissées à l’abandon dans un puits (3 décès).
Même aux États-Unis, il arrive que des sources radioactives passent au travers du filet d’un suivi rigoureux. Des sources furent retrouvées en 2003 dans un camion abandonné dans un champ par un entrepreneur en faillite. Un autre entrepreneur ruiné, plus civique, signala par téléphone qu’il laissait son camion sur un parking avec des sources avant de passer la frontière mexicaine.
De son côté, l’Union Soviétique, avait utilisé la chaleur de désintégrations radioactives pour alimenter en électricité des phares et balises de navigation sans gardien. Utilisant le strontium-90 comme radio-isotope, ces générateurs fournissaient une source stable et fiable de puissance. Après la chute en 1989 de l’ancienne Union-Soviétique, beaucoup de ces générateurs ont été oubliés et laissés à l’abandon.
Ces générateurs pouvaient causer des problèmes locaux d’environnement et de sécurité, les fuites ou les vols de matières radioactives ayant de bonnes chances de passer inaperçus durant des années de crise économique majeure et de désorganisation qui suivirent. On cite le cas d’un voleur qui aurait ouvert le compartiment des matières radioactives et qui serait probablement mort des suites de la contamination et des radiations. La Norvège s’est montrée très active pour retrouver et éliminer les batteries au strontium. La dernière des batteries des côtes de la mer de Barents et de la mer Blanche a été éliminée en 2009 .
2017 : Lointaine réminiscence des accidents de Mayak, la présence excessive de Ruthénium-106 dans l’atmosphère européenne est détectée par l’IRSN à la fin septembre 2017. Les analyses situent la source de cet excès entre la Volga et L’Oural. Le ruthénium-106 est un produit de fission de courte durée – un an de période radioactive – parfois extrait pour des applications médicales. La présence de ce ruthénium ne peut être attribuée à un accident de réacteur, auquel cas elle aurait été accompagnée de celle de césium radioactif. Il pourrait s’agir d’un accident de radiochimie survenu dans une installation de fabrications de sources radioactives pour la médecine ou des recherches à partir de combustibles nucléaires usés. L’origine en reste à ce jour entourée de secret. Heureusement la quantité de Ruthénium-106 relevée dans l’atmosphère, de quelques millièmes de becquerels par millimètre cube d’air, n’a présenté aucun risque pour la santé des populations européennes.
On trouvera dans un rapport de l’IRSN de 2007 un bilan très complet, portant sur un demi-siècle, des accidents causés par ces rayonnements.
SUITE : Vols de sources radioactives
SUITE : Accidents spatiaux
Voir aussi :
Expositions Internes
Exposition par contact
Dose efficace
Accidents dus aux rayonnements ionisants , rapport IRSN 2007
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