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Prévenir le risque : Sam Nunn et Richard Lugar

S’il est difficile de fabriquer de l’uranium et du plutonium de qualité militaire, le risque de détournement de ces matières hautement sensibles demeure. Acquérir une masse critique d’uranium et de plutonium militaire permet de fabriquer une bombe atomique. Les techniques qui permettent de faire détonner une bombe sont particulièrement délicates, surtout pour les bombes au plutonium. Cette technicité et le savoir-faire qui va avec sont hors de portée de simples organisations terroristes, mais pas nécessairement d’états voyous.

Normalement ces matières sont très bien gardées, mais le risque s’est présenté dans les années 1990 du détournement de matières fissiles provenant de l’arsenal de l’ancienne Union Soviétique. On craignait la tentation pour des militaires et scientifiques russes aux salaires impayés d’offrir leur savoir-faire et de brader des matières fissiles.

Avec le recul, il semble que ces craintes ne se soient pas concrétisées et que les détournements aient porté sur de petites quantités. La plupart des contrebandes sur l’uranium et le plutonium militaires recensés par l’AIEA ou le Center for Non proliferation Studies de Monterey portaient sur quelques grammes. Mais il fut fait état, en 1996, d’une tentative de commercialisation de 11 kg de plutonium en Allemagne.

Sam Nunn et Richard Lugar
Deux sénateurs américains, le démocrate Sam Nunn et le sénateur républicain Richard Lugar sont à l’origine d’un programme qui a contribué à diminuer la menace provenant de l’arsenal de l’ancienne Union Soviétique. Cette photographie de 2002, montre Sam Nunn à gauche et Richard Lugar à droite. L’initiative Nunn-Lugar – très américaine par son pragmatisme et son audace – a contribué non seulement à financer le démantèlement de nombreuses armes soviétiques mais aussi à assurer la sécurisation des matières fissiles dans ce pays pour éviter leur détournement.
©  R.Lugar

Les États-Unis ont mis sur pied des programmes destinés entre autres à prévenir le vol d’uranium et du plutonium militaires en Russie. Ces programmes portent les noms des sénateurs Sam Nunn et Richard Lugar qui ont contribué à les mettre sur pied dans les années 1990. Un moment menacés de coupures budgétaires, les programmes Nunn-Lugar, ont été préservés par le Congrès Américain et soutenus par l’Administration depuis les événements du 11 septembre 2001.

Pour un total de près de 7 milliards de dollars depuis 1991, Washington a aidé à financer non seulement le démantèlement de plusieurs milliers de têtes nucléaires de l’ancienne Union Soviétique, mais aussi à payer les salaires de spécialistes nucléaires russes qui auraient été tentés autrement de vendre leurs services. Les programmes ont été également utilisés à moderniser et améliorer la sécurité, devenue défaillante, des sites de stockage du plutonium et de l’uranium militaire afin d’écarter le danger du vol. Des crédits supplémentaires décidés par l’administration américaine sont destinés à comptabiliser et à protéger ce plutonium et cet uranium.

Selon certains experts le risque principal est qu’une organisation bien financée et bien organisée s’empare de suffisamment d’uranium militaire (HEU). Les bombes à uranium sont plus simples à construire et faire exploser que celles au plutonium (par exemple, la première bombe d’Hiroshima était de ce type). En raison de cette utilisation relativement aisée et des stocks considérables accumulés de par le monde, la priorité devrait porter sur l’uranium hautement enrichi plutôt que sur le plutonium dans les programmes visant à sécuriser, puis à éliminer l’explosif des bombes.

Bunkers pour le plutonium
Le nucléaire militaire, c’est aussi l’uranium et le plutonium de qualité militaire qui rentrent dans la confection des bombes atomiques. Ces matériaux hautement sensibles sont conservés dans des lieux ultra protégés comme ces bunkers servant à stocker du plutonium aux États-Unis. La surveillance de ces bunkers qui assurent une protection parfaite à l’échelle de quelques dizaines d’années coûte cher. Ils ne sont pas éternels et c’est une des raisons pour laquelle les États-Unis et la Russie ont entrepris de réduire leurs arsenaux.
© DOE